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Nath et Henri au Niger
26 juillet 2007

SALAM ALEIKOUM!!!

WARNING: Ce qui suit constitue mes impressions personnelles à ce jour et il est clair qu’elles vont encore évoluer tout au long de mon séjour. Par exemple, Suzanne, une autre volontaire a lu ce que j’ai écrit et n’est pas d’accord avec moi au sujet des expats. Normal, elle n’est pas moi et surtout, elle est déjà ici depuis 8 mois. De par son expérience, elle a sans doute même raison. Ce que je vous propose aujourd’hui et pour la suite, c’est de vous raconter du mieux que je peux ce que je vis et ressens ici, parfois avec un œil quelque peu critique. Ceci dans un souci de narration un tant soit peu intéressante, du moins pas trop soporifique (je l’espère). Mais il s’agit bien de mon œil. A vous de voir…

                                                                                                                                           

Niamey, le 22 juillet 2007

3Il est 10h55, je me lève à peine. C'est un peu le lendemain de la veille, fête nationale oblige. Nous avons eu droit à une petite réception mitonnée par le consulat belge, au Grand Hôtel de Niamey s'il vous plaît. Nous, c'est-à-dire les ressortissants belges au Niger qui avaient jugé bon de faire le  déplacement, soit en bons patriotes, soit en ventres creux avides d'un bon gueuleton à l'oeil. Le Grand Hôtel, c'est pour ainsi dire l'endroit le plus chic de la capitale, avec une vue imprenable sur le fleuve.   

      

2Piscine, gazon anglais, bières au fût (qu'on appelle ici la "conjoncture"), brochettes et petits fours... Pour l'occasion, un orchestre nigérien, vêtu de tuniques oranges et pantalons verts, a interprété l'hymne nationale nigérienne suivie de la brabançonne. Les pauvres se sont rapidement exécutés et par la suite, sont restés plantés au même endroit toute la soirée, à ne pas broncher. Je ne sais pas ce qu'ils avaient reçu comme consignes et qui leur avait donné mais j'avais en tous cas mal aux jambes pour eux.

4Je suis arrivé à la réception avec Séverine, une volontaire belge tout comme moi. Pour ceux qui ne sont pas au courant, je précise que je suis employé par la Coopération Technique Belge (CTB) dans le cadre du Service Volontaire à la Coopération au Développement (SVCD). Pour plus d'infos, voir le site www.btcctb.org et cliquer sur le lien Service Volontaire. J'imagine ce que certains d'entre vous se disent déjà : “ Sacré (ou enfoiré d') Henri, il a encore réussi à se trouver une bourse (ou à  profiter de l'argent du contribuable) pour s'expatrier (ou partir en vacances)”. Pour les médisants (car j'en connais), je leur répondrai que “quand la cigogne prend son envol, le corbeau coasse sur son arbre” (proverbe africain). Et puis, cette dénomination de “volontaire” a été mal choisie car elle prête à confusion. En effet, nous sommes des employés en CDT et remplissons la fonction de ce qu'on pourrait appeler, dans le jargon de la coopération, un assistant technique junior. Or, les locaux nous perçoivent plutôt comme de petits stagiaires encore aux études (bref, pas encore sec derrière les oreilles) tandis que de vrais volontaires (comme les volontaires du progrès français) jalousent notre traitement plus avantageux que le leur. La CTB est d'ailleurs bien consciente que ce titre de “volontaire” n'est pas adéquat et en cherche un autre (AT junior existe déjà). Si vous avez une idée...

Pour en revenir à cette soirée, elle s'est terminée dans un resto (j'avais aussi loupé les brochettes) en  terrasse, toujours en compagnie d'un bon nombre d'expats. Parlons-en de cette compagnie. Disons que Niamey brasse un certain nombre d'expatriés qui pour les temps libres et autres réjouissances, se retrouvent le plus souvent entre eux dans des endroits ou lors d'évènements organisés spécialement par et pour eux. Je ne dis pas que les nigériens en sont volontairement exclus, loin de là, mais en général cette exclusion se fait par la force des choses. Différences de culture et différences de niveau social. Un exemple évoquant est ce qu'on appelle ici le H, organisé chaque samedi après-midi. Il s'agit d'une promenade ou d'un cross, au choix, balisés à coup de poignées de confettis, dans les alentours de Niamey. L'objectif est de se dégourdir les jambes, tout en papotant et en découvrant de magnifiques paysages soudano-sahéliens. Génial, me direz-vous. Essayez maintenant d'imaginer la réaction d'une famille paysanne nigérienne, devant leur hutte de paille, voyant passer ce groupe de “touristes” quasi 100% blanc, dont certains, équipés comme des marathoniens, prennent leur pied à courir par 45° à l'ombre. Il y a de quoi se dire: “Y sont fous ces nazaras* ”. Bien que ce qu'ils disent le plus souvent, c'est “cadeau, donne cadeau”. Vous comprendrez alors que ces H suscitent de vifs débats entre blancs avec d'un côté les adeptes, sport-alcooliques en manque de sensations fortes ou amateurs du “Restons groupiier entre expatriés”, et de l'autre, les altermondialistes en crise d'identité (je caricature). Pour ma part, j'ai choisi la version du compromis à la belge. Avec Séverine, Anneleen et ceux qui veulent, on démarre seulement la promenade une fois que la grosse tache blanche a pris une avance suffisante. En petit comité, on passe inaperçu et on en profite d'autant mieux.

*Blancs en langue Haoussa, l'ethnie majoritaire à Niamey.

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Les expats, c'est comme pour tout, y a à boire et à manger. La communauté jeune d'expats est assez restreinte à Niamey et les endroits de sortie peu nombreux. On est donc souvent amené à voir les mêmes têtes. C'est un peu embêtant quand certaines ne vous reviennent pas. Surtout devant cette  attraction entre Blancs européens qui fait qu'on a l'impression d'appartenir à un groupe sans même l'avoir décidé soi-même. On est comme avalé par le groupe blanc. J'imagine qu'en Europe, ça doit être un peu pareil entre Noirs. Et tout comme en Europe, cet effet de groupe est sans doute parfois mal interprété. Il dérange et on le voit comme une réticence volontaire à l'intégration. Ce qui n'est pas nécessairement le cas. Disons qu'une intégration réussie impose un choix de vie qu'on a pas toujours envie de suivre, ou qu'on a pas l'occasion de suivre. Moi, j'ai de la chance, c'est la CTB qui a choisi pour moi. Elle m'a donné l'occasion de vivre dans un village perdu où nous serons, en tout et pour tout, trois blancs, une fois que Nathalie sera là. J'ai la conviction que l'expérience en sera d'autant plus intéressante, et notre intégration d'autant plus réussie. Et puis, lorsque le confort (tout relatif) et les blancs de Niamey nous manqueront, un petit saut à la capitale pour le week-end est toujours possible. Peut-être qu'au bout d'un moment, ils ne nous manqueront plus du tout... Mais soyons honnêtes, c'est peu probable.

Le village en question s'appelle Filingué (prononcez feeling gay, c'est plus joli, non?!). Je dis village mais en fait, c'est censé être une ville de 9000 habitants. Vu le peu d'infrastructure et l'exode champêtre du moment, ça ressemble plutôt à un gros village de chez nous. La troisième blanche, c'est Emilie. C'est une française qui travaille comme volontaire du progrès dans le cadre d'un jumelage entre Filingué et Athis-Mons, un bled en France. Vu que ma maison à Filingué n'est ni libre ni meublée pour le moment, j'ai passé la semaine dernière chez elle. Elle est très sympa. Etant  Filinguoise depuis un an et demi, elle m'a déjà présenté à pas mal de monde dans le village. Je suis ainsi très vite rentré dans le vif du sujet. Mohamed, le voisin, nous a invité le deuxième soir. Au menu: tête de mouton et pâte de maïs arrosé d'un jus de gingembre. A manger avec les mains bien sûr. C'était pas mauvais. A suivi une interminable discussion (assez pénible) sur les différences entre l'Islam et le Catholicisme. A croire qu'il tentait de nous convertir. Le lendemain, rebelotte, chez une famille touareg.  Au menu, pattes et viande de chèvre mélangées dans un gros saladier. Toujours à manger avec les doigts, à raison de 4 personnes par saladier. J'ai aussi goûté au lait de chèvre, fraîchement trait devant mes yeux. Délicieux. Rajoutez à cela que le générateur d'électricité alimentant toute la ville a planté le premier jour de mon arrivée (rassurez-vous, maintenant il remarche!) et vous aurez compris que vivre à Filingué, c'est un peu comme remonter le temps de quelques centaines d'années. Cet archaïsme n'est pas pour me déplaire. Bien au contraire, c'est ce qui fait le charme de la brousse. Bon! Il faut admettre que les scarabées qui vous remontent le long des jambes ou les rats dans la cuisine n'ont, quant à eux, rien de très charmants. Dans l'ensemble, je suis ravi d'être à Filingué. Mais relativisons, je n'ai ni l'obligation, ni l'intention d'y faire ma vie...

Maintenant, un peu d'anthropologie rudimentaire. Le charme du Niger, c'est aussi toutes ses ethnies qui se côtoient. Il y a les Haoussas, les Peuls, les Touaregs, les Zarmas, les Toubous et d'autres encore. Il est encore un peu tôt pour que je vous en parle avec un semblant de certitude. Il faut dire que les relations sociales qui régissent ces ethnies entre elles sont très complexes. Pour un novice, blanc de surcroît, disons carrément qu'elles sont indéchiffrables. Mais ça viendra. Déjà, je compte bien me mettre à apprendre la langue Haoussa, majoritaire dans la région. Une bonne résolution en remplace une autre... Vous l'aurez compris, c'est pas encore pour cette fois que j'arrêterez de fumer. Juste une avant goût de bizarrie culturelle qui m'a fait beaucoup rire: On sait tous que le renvois n'est pas perçu de la même manière que chez nous en pays musulmans. Ici, après s'être exécuté, on remercie Allah pour le bon repas qu'il nous a donné. Mais vous êtes vous déjà poser la question de ce qu'il en était pour l'autre honte sonore de notre savoir-vivre, j'ai nommé le pet? On serait tenter de croire que si Allah a bon dos pour les renvois, il prendra bien aussi sur lui les flatulences de nos amis musulmans. Grave erreur! Figurez-vous que tout qui émet le moindre petit prout ici, assez forte tout même pour qu'on l'entende, devient la risée de tout son entourage. Chaque fois que le pauvre péteur apparaît en public, tout le monde éclate de rire. A un point tel qu'il ne lui reste plus qu'à s'exiler, là où personne ne sait qu'un jour dans sa vie, malheur lui a pris de s'oublier un quart de seconde. On raconte même que certaines personnes, après 20 à 30 ans, sont revenus sur les lieux du délit, pensant que le vent s'était définitivement dissipé. Et bien non! Dès leur arrivée, les fous rires ont repris de plus belle et le malheureux a mis les gaz, aussi sec. Drôle mais tout de même cruel, vous ne trouvez pas? Une chose est certaine, c'est que j'ai intérêt à me tenir a carreau.

A plus...

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Commentaires
M
les prochaines nouvelles?!<br /> Maintenant que j'ai pu goûté une journée et nuit de cette vie filinguaise (?) je suis quand même curieuse d'en savoir plus!
Y
Pour ceux qui ne connaissent pas, vous pouvez suivre l'évolution du blog en vous abonnant à celui-ci : <br /> vous devez posséder un aggrégateur de flux RSS local ou en ligne (j'en utilise un en ligne : www.bloglines.com) et vous devez vous abonner à l'adresse suivante : http://nathenriauniger.canalblog.com/rss.xml.<br /> Pour des précisions allez voir la petite video dont voici l'adresse : http://framablog.org/index.php/post/2007/07/30/rss-wiki-dotsub-et-le-libre
F
Continue comme ça Henri, on aime ta prose. Tiens à jour ce blog. <br /> <br /> Mais comment vas-tu faire pour retenir tes flatulences pendant autant de temps?... ;-)
S
Et sinon, la conjoncture est bonne ?
J
salut henrico!<br /> je te suis assez sur ta réflexion de premières impressions! drôle d'impression du ghetto blanc! qui peut quelque fois donner un peu d'oxygène, mais comme l'oxygène c'est à consommer avec modération (comme l'alcool, je te fais confiance!)<br /> en plus de tout, henri, tu fais de superbes photos!!<br /> je suis déjà fan!<br /> bonjour de ilse qui a toujours le ventre rond<br /> <br /> jlb, fan
Nath et Henri au Niger
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